Fil d'Ariane

Le pont de Prague de Charles IV

Ce célèbre pont, pour lequel les sculpteurs ont réalisé tant de statues et auquel les poètes ont dédié tant de vers, est le coeur de pierre de la métropole tchèque. Le visiteur traversant le pont a l’impression que de n mbreuses personnalités célèbres ont fait de même depuis le XIVe siècle, et ne peut qu’espérer que ce joyau d’architecture restera préservé à l’avenir. Au départ, ce monument n’était pourtant rien de plus qu’un trait d’union entre les deux berges de la Vltava: la cité qui accueillait les rois de Bohême et ses habitants avaient grand besoin de pouvoir traverser la rivière à pied sec.

  • Photo: Prague City Tourism
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Le pont Judith

Si l’on oublie les divers gués traversant le lit de la Vltava et un pont de bois qui ne pouvait résister aux ravages du climat, c’est au XIIe siècle que Prague se dote de son premier pont digne de ce nom. On doit vraisemblablement l’idée de son édification à l’évêque Daniel, mais son plus ardent défenseur sera le roi Vladislav, de la dynastie des Přemyslides, et plus encore sa femme Judith de Thuringe, qui lui donnera son nom. Le pont est achevé en 1172 et tient sans problème jusqu’aux inondations de 1342. La ville doit alors se satisfaire d’un pont provisoire jusqu’à ce que soit bâti un nouveau pont de pierre.

Le pont Charles

Charles IV, roi de Bohême et empereur du Saint-Empire romain germanique, était conscient de l’importance primordiale d’un axe reliant les deux rives de la Vltava. Le 9 juillet 1357, il pose enfin la première pierre d’un édifice d’une complexité technique considérable. Il s’agissait d’un projet très coûteux : pour le mener à terme, le royaume de Bohême dut en effet s’endetter pour de nombreuses années.

La construction fut menée de main de maître par Peter Parler. Le jeune architecte dut alors faire ses preuves. Il fallait d’abord éviter les vestiges de l’ancien pont, raison pour laquelle le nouveau fut édifié quelques mètres en amont. Comme il voulait cependant conserver l’ancienne porte du pont et sa tour, situées du côté de Malá Strana, le nouveau pont fut construit selon un léger arc de cercle, pour une longueur totale de 515,76 mètres et une largeur de 9,5 mètres. Bâti en blocs de grès, il s’étend sur 16 arches de longueurs variables. Les piliers sont conçus selon les moyens de l’époque. La chaussée carrossable se situe à une hauteur exceptionnelle : 13 mètres au-dessus du niveau de la rivière.

Tous rêvaient d’un pont capable de résister aux pires inondations. C’est sans doute ce qui donna naissance à la légende selon laquelle des oeufs auraient été ajoutés au mortier afin de consolider le pont. Les travaux ne furent pas achevés du vivant de Charles ; mais c’est un pont en majeure partie terminé que devait emprunter le cortège funèbre du roi et empereur, en 1378.

Le saint patron choisi pour veiller sur le pont fut saint Georges, dont la statue, avec d’autres personnages, décore la tour du pont côté Vieille Ville, l’un des plus beaux monuments gothiques de Prague.

On peut également y admirer une sculpture d’époque représentant Charles IV assis sur son trône, ainsi que son fils et héritier Venceslas. Les somptueux détails de ces sculptures prouvent que la tour toute entière est l’oeuvre des ateliers de Peter Parler, et qu’elle fut achevée dans les années 1380.

Une promenade sur le Pont Charles est une expérience inoubliable. Depuis le pont, le panorama sur la ville est saisissant. On a du mal à croire que des voitures et des trams aient pu un jour emprunter ce pont. À l’époque de Charles IV, seule une statue du Christ en croix ornait le pont : c’est bien plus tard que les sculptures des piles, presque toutes baroques, sont venues s’y ajouter.

Enfin, ne ratez sous aucun prétexte la statue de Charles IV, célèbre cofondateur du pont, située près de l’entrée du pont côté Vieille Ville. Vous lui rendrez peut-être hommage, vous aussi!