Château de Prague – Belvédère de la reine Anne (Pražský hrad – Letohrádek královny Anny)

C'est au-delà de l'enceinte du château de Prague que Ferdinand I^er ordonne l'aménagement d'un jardin royal et, en 1538, la construction d'un palais d'été. Celui-ci est destiné à son épouse, Anne Jagellon, qui meurt cependant avant la fin des travaux, en 1547, quelques jours après la naissance de son 15^e enfant. Même son mari Ferdinand I^er ne voit jamais l'édifice achevé car il quitte Prague suite à un incendie du château en 1541.
Le Belvédère de la reine Anne est l’expression la plus pure de l’architecture de la Renaissance italienne en dehors du territoire de l'Italie. L'architecte Giovanni Spati le construit selon un projet et un modèle de l'architecte et tailleur de pierre Paolo della Stella dans le style de la Renaissance italienne, il est succédé dans son travail par G. Maria del Pambio. Les travaux sont suspendus suite à l'incendie du château en 1541, ils se poursuivent ensuite de 1548 à 1552 sous la direction de Paolo della Stella. Stella ornemente le Belvédère de façon royale, son atelier est par exemple à l'origine des bas-reliefs sculptés sur les arcades de la galerie. Le bâtiment est entouré d'un attique avec frise ornementale et figurale de 80 cm de hauteur, les 36 colonnes de ses arcades extérieures portent des chapiteaux toscans et les 114 bas-reliefs illustrent essentiellement des évènements de la mythologie, de la chasse et des guerres. L'un d'eux représente par exemple le fondateur de l'édifice, Ferdinand I^er, portant le collier de l'ordre de la Toison d'or, alors qu'il remet à son épouse, la reine Anne, une fleur de figuier. Le travail de taille de la pierre est d'une incroyable finesse.
Le Belvédère est achevé en 1563 par Hans Tirol et Boniface Wohlmut qui sont à l'origine de l'étage. En cuivre, le toit en forme de quille de bateau renversée est alors ornementé de bandes rouges et blanches, il porte également les insignes de la Royauté de Bohême. Le rez-de-chaussée et ses pièces à vivre sont entourés d'une galerie en arcades alors que l'étage, qui abrite à l'origine une salle de danse et une galerie, est ensuite transformé par Rodolphe II en un centre d'observation astronomique. Tycho Brahe, Johannes Kepler et l'empereur y venaient régulièrement. Celui-ci y décède même en 1612 après avoir perdu son titre. Le Belvédère est ensuite abandonné pendant plusieurs années avant d'être pillé par l'armée suédoise en 1648. Le bâtiment est différemment appelé selon les époques : Belvédère pour la belle vue qu'il propose, Ferdinandeum d'après son fondateur ou encore Observatorium.
Plus tard, Joseph II donne le Belvédère à son armée qui y crée un laboratoire d'artillerie. Celle-ci reste d'ailleurs dans le bâtiment jusqu'en 1836, année où le comte Karel Chotek profite du couronnement de Ferdinand V pour lui demander le départ de l'armée. Plus tard, de 1841 à 1855, les architectes Bernard Grueber et Petr Nobile remanient l'édifice pour le transformer en Galerie de tableaux des amis patriotes de l'art. Un escalier classique monumental y est alors édifié. De 1851 à 1865, un cycle de scènes historiques de l'histoire tchèque est dessiné sur les murs du 1^er étage selon un projet du directeur de l'Académie Kristián Ruben, son exécution est confiée à ses élèves Antonín Lhota, Josef Matyáš Trenkwald, Karel Svoboda et Emil Laufer. Après une nouvelle restauration menée par Pavel Janák au début des années cinquante, le bâtiment se transforme en une salle d'exposition. Les années 1988 à 1991 sont à nouveau marquées par une nouvelle campagne de rénovation.

Devant le Belvédère se dresse la célèbre Fontaine chantante exécutée dans le style Renaissance sur un projet du peintre de la cour Francesco Terzio. Le fondeur Tomáš Jaroš (également auteur de Sigismond, la plus grande cloche de la cathédrale Saint-Guy) la réalise en bronze de cloche de 1564 à 1568. La fontaine se trouve encore à son emplacement d'origine, dans le même bassin de pierre où elle est installée en 1573. Son centre représente un pasteur et le dieu grec Pan protecteur des forêts et des sources. Au sommet se dresse un joueur de cornemuse, seul élément de la fontaine dont l'original a été remplacé. La fontaine semble toujours chanter au rythme des gouttes d'eau qui tombent sur le bord de la vasque inférieure.

Le château de Prague est un Monument historique national depuis 1962.